1. Au cours de
nos promenades sur l'île, en toutes saisons, nous n'avons pas
choisi de faire un inventaire détaillé des espèces de
phanérogames (ou plantes à fleurs) qui poussent ici mais
décidé de ne citer que les espèces le plus fréquemment
rencontrées, notamment sur la côte ouest où la biodiversité
est la plus grande, qu'elles soient sauvages ou exotiques
plantées ou introduites accidentellement.
Le nombre d'espèces cumulées répertoriées
par les spécialistes est certainement beaucoup plus élevé
(environ 400 ?) ; ce nombre évolue sans cesse, certaines
plantes ayant disparu sous l'impact anthropique, d'autres
n'ayant pas été retrouvées ou d'autres enfin ayant été
récemment introduites.
Nous avons volontairement choisi de ne pas
noter les représentants des champignons, lichens, mousses ou
fougères présents sur l'île.
2. Le circuit
découverte. Dès 1994 suite à de nombreuses
promenades est né, en collaboration avec l'Institut
Océanographique Paul Ricard, un premier circuit à destination
des élèves du collège (classes de 6 ème et 5 ème) puis du
primaire (cours moyen). Il a aussi été utilisé, notamment pour
des études de biologie marine, à destination des étudiants en
licence de la Faculté des Sciences de Marseille. En 2007,
après une collaboration étroite avec les responsables de la
société Paul Ricard et de l'IOPR, une première partie a été
matérialisée sur l'île par l'installation de panneaux
d'information et de balises directionnelles. Une brochure et
un document d'accompagnement devraient le compléter.
L'île des Embiez d'une superficie d’environ 100
hectares, est née, par la volonté et le travail des hommes, de
l’union de l’Île Saint Pierre et de l’Île de la Tour Fondue ; elle
fait partie de l’archipel des Embiez formé d’un chapelet d’îles,
d’îlots et d’écueils qui protègent la rade du Brusc. Assistaient à
cette naissance, perles posées sur les fonds transparents et
limpides de la Méditerranée, le Grand et le Petit Rouveau, le
Grand et le Petit Gaou. L’archipel des Embiez se trouve en
Méditerranée, à 10 minutes en bateau du petit port de pêche « Le
Brusc », hameau de la commune de Six-Fours les plages dans le
département du Var entre Toulon situé à 13 Km et Marseille
distante de 60 Km. C’est un de ces lieux, façonné par la mer, le
soleil, le vent et la main de l’homme. Au cours de promenades
toujours renouvelées au fil des saisons, le promeneur prend
conscience de la place qu’il occupe dans l’univers au contact
d’une nature douce et rude, magnifique et fragile, il ressent avec
humilité le besoin de la comprendre pour l’aimer et la mieux
préserver pour les générations futures.
A la charnière de la Provence occidentale et de la Provence
orientale, l’île des Embiez est une mosaïque de peuplements
végétaux, modelés depuis des millénaires par la roche et la mer,
le soleil et le vent, mais qui restent profondément marqués par
l’empreinte de l’Homme.
La présence, la vie et la répartition des êtres vivants
dans ce milieu dépendent de facteurs physiques, chimiques,
biologiques et énergétiques (ou =facteurs écologiques) constituant
leur environnement. Distinguons,
-des facteurs climatiques : l'île des Embiez jouit d'un climat
marin méditerranéen,
-des facteurs édaphiques (des sols) : l'île est formée de roches
cristallines acides donnant selon leur dureté des sols peu
évolués ou évolués,
-des facteurs biotiques : l'île subit une pression humaine forte
depuis l'Antiquité (élevage, exploitation des
salines, usine de soude, tourisme et urbanisation).
Le climat de l'île est méditerranéen à
affinités chaudes; il est caractérisé par
-des étés chauds et secs, des hivers doux et humides, Les mois
secs sont Juin, juillet, août.
-des précipiations annuelles d'environ 650-700 mm tombant
surtout en automne et en hiver (714 mm par an au Brusc dont 140
mm en octobre).
-des températures moyennes élevées.
(4 à 5°C en Janvier, 27-28 °C en juillet-Août, 15,4 °C comme
moyenne annuelle au Brusc et seulement 4 jours de gelée en
moyenne par an au Brusc).
-une forte luminosité (2900 heures d'ensoleillement par an).
L'influence de la mer est prépondérante partout sur l'île,
elle entraîne :
-une atténuation bienfaisante des variations des températures
hivernales mais aussi des précipitations,
-un accroissement de la sècheresse et de l'aridité, accentué par
l'impact important des vents violents chargés d'embruns (vents
de secteur ouest à nord-ouest comme le mistral et des vents de
régime est à sud-est comme le marin qui apportent des pluies).
Les terrains constituant l'Île des Embiez sont des phyllades,
tendres et altérables, facilement colonisés par la végétation.
Le phyllade, sorte de schiste cristallin siliceux, est constitué d'une
alternance de lits clairs riches en quartz et de lits gris
formés de minéraux argileux et de micas blancs. Facilement
altérable, il donne des sols bruns lessivés favorables à la
culture de la vigne par exemple. Les reliefs principaux de
l'île, comme la Pointe de Cougoussa (60 m d'altitude) et la
colline du Château, sont constitués de quartzites et de
quartzophyllades beaucoup plus durs, difficilement colonisés par
la végétation.
Les plus anciens vestiges d'occupation humaine
découverts sur la côte nord de l'île de la Tour Fondue des Embiez,
datent du Vème siècle avant J.C. Il s'agit de restes alimentaires
(poissons, lapin, mouton) et de nombreux fragments de vaisselle
grecque de Marseille appartenant semble-t-il, à des navigateurs ou
à des pêcheurs qui campaient sur le rivage.
Sur le continent tout proche, la Pointe du Mourret au Brusc a
révélé en 1985 la présence d'un habitat fortifié grec de la fin du
Vème siècle avant J.-C., qui faisait "probablement office de
comptoir commercial" établi par "les habitants de la cité grecque
de Massalia (Marseille), fondée vers 600 par des émigrés de
Phocée, cité grecque d'Asie Mineure" qui commercaient avec les
peuplades ligures indigènes (1)".
Puis le site de "Taurœïs" qui s'élevait à la
place de l'actuel quartier de "La citadelle" au Brusc, remplace le
précédent. La place forte du Brusc des IIIe-Ier siècles avant
J.-C.,"permettait donc aux Marseillais de se défendre contre les
Barbares de l'intérieur, afin de maintenir libre l'accès à la
mer...mais le lieu a également servi de plate-forme d'échange de
marchandises grecques et italiques vers l'intérieur des terres
agricoles et artisanales issues des communautés ligures vers le
monde méditerranéen". Les salines des Embiez fournissaient le sel
nécessaire à la conservation et au transport du poisson pêché dans
la rade ou aux alentours. Sous l'Antiquité, les galères faisant le
commerce en Méditerranée trouvaient un bon mouillage et une
aiguade (2) à Taurœïs.
C'est au IIe siècle avant J.-C., que les légions romaines
occupèrent la région qui fit alors partie de la province romaine
la Narbonnaise qui fut créée en 118 avant notre ère.
En 49 avant J.-C., une bataille navale au large de la place forte
marseillaise de Taurœntum (le Taurœïs des grecs) opposa Brutus et
les grecs de Marseille soutenus par Pompée ; ces derniers furent
battus et Massalia et ses comptoirs d'Olbia et Taurœntum passèrent
aux mains des Romains.
Depuis lors, l'occupation humaine a été continue, sauf entre les
VIIIe et Xe siècles, où toute la côte fut désertée, suite aux
nombreuses invasions sarrasines ; dès 1068 les moines de Saint
Victor de Six-Fours, vinrent reprendre l'exploitation des salines
des Embiez.
(1) d'après "Cahier du Patrimoine Ouest Varois n° 11. Regards
sur un terroir SIX-FOURS-LES-PLAGES". Editions du Foyer Pierre
Singal; Sanary. 2007.
(2) aiguade = lieu où les navires
s'approvisionnent en eau douce.
Les plantes qui poussent sur l’île sont majoritairement des
végétaux ligneux (1) vivaces
(2). Les arbres et arbustes (3), arbrisseaux et sous-arbrisseaux
(4), lianes (5) sont des plantes à feuilles persistantes, pour la
plupart, qui dominent des espèces herbacées (6)
souvent annuelles.
Les espèces annuelles moins nombreuses, sont soit des thérophytes
qui passent la mauvaise saison, l'été ici, sous forme de graines
résistantes, soit des géophytes qui possèdent
des organes de renouvellement enfouis dans le sol et donc
protégés. On citera le bulbe des orchidées ou du narcisse, le
rhizome du rumex.
Ces végétaux bien adaptés au milieu sont qualifiée de xérophiles
(7), thermophiles (8), et héliophiles
(9).
-Sur l'île, pas de formation végétale homogène
mais des lambeaux qui se mêlent et s'affrontent, sous les
influences conjuguées du climat, des sols, de l’activité humaine.
La côte ouest de l’île est couverte
de lambeaux de peuplements formant des ceintures successives qu’on
s’efforcera de distinguer en allant vers le rivage :
- quelques rares taillis de chênes verts,
- une pinède, forêt de substitution,
- une cistaie,
- une brousse littorale à affinités chaudes,
- une zone de transition entre le milieu continental aérien et le
premier étage marin (zone ou étage halophile),
- une zone halophile
- enfin les différents étages marins et leurs peuplements algaux.
La côte sud-est nous montrera une végétation halophile typique des
substrats vaso-sableux rappelant la végétation camarguaise et les
magnifiques peuplements de plantes marines de la lagune du Brusc.
Actuellement il semble que toute
évolution progressive (10) soit impossible tant l'impact humain
est fort et qu'au contraire la menace est une rapide régression de
la végétation naturelle (urbanisation, artificialisation,
banalisation et introduction d'espèces étrangères comme le
Carpobrotus).
Vu le statut privé de l'île où les mesures
de protection des espèces naturelles ne
s'appliquent pas obligatoirement, seules sagesse et volonté de ses
propriétaires éviteront une rapide régression de la végétation
naturelle ; les principales menaces étant l'urbanisation,
l'artificialisation et la banalisation des milieux naturels et
l'introduction d'espèces étrangères invasives comme le Carpobrotus
qu'il convient d'éradiquer rapidement.
(1) végétaux à tiges rigides formées de bois ou à la
consistance du bois.
(2) végétaux capables de vivre plusieurs années.
(3) végétaux à tronc unique ; taille supérieure à 5 mètres.
(4) végétaux à tige ramifiée dès la base ; taille comprise entre
0,80 mètre et 5 mètres.
(5) espèce grimpante sur un support inerte ou une autre espèce.
(6) espèces à tiges molles.
(7) végétaux qui s'accommodent de milieux secs.
(8) végétaux qui peuvent croître sur des sites chauds
(9) végétaux qui peuvent supporter des conditions
d'ensoleillement très élevées.
(10) En Provence la végétation a tendance à évoluer
progressivement naturellement par paliers successifs passant
d'un stade cryptogamique à lichens sur des sols peu évolués
établis sur une roche mère dure, à un stade pelouse à
thérophytes et géophytes, puis à une cistaie, un maquis bas et à
un maquis élevé (sur l’île il ne subsiste que quelques pieds
d’arbousier, de bruyère arborescente ou de chêne vert). Quant à
la forêt-climax, stade d'équilibre de l'écosystème forestier
avec le milieu, peut-être les rares taillis de chênes verts
persistant sur l'île en sont-ils les derniers vestiges?
Du quai de débarquement, on peut remonter une belle allée fleurie en toute saison, côtoyer les chantiers navals, longer les quais verdoyants et colorés du port, passer devant la chapelle Sainte-Cécile, la visiter ou s'y recueillir, se rendre au musée de peinture Paul Ricard puis au Fort Saint Pierre des Embiez. Un panneau de bienvenue placé actuellement devant le Fort Saint-Pierre, permet de choisir un itinéraire et de prendre connaissance d’informations ou de consignes qui seront utiles.
Circuit 1. 1 heure 30. Difficulté XX
Circuit 2. Jaune. (Arrêts 7 à 14). Les plus beaux panoramas de l'île. 2
heures. Difficulté XXX
Circuit 3. Rouge. (Arrêts 14 à 17). La côte basse de l'île. 1 heure 30.
Difficulté X
Circuit 4 = 1 + 2 + 3. Pour les sportifs. 4 à 5 heures. Difficulté XXXX.
Fort Saint-Pierre = point de départ
du circuit. Panneau de bienvenue. Consignes
1 = La flore et la végétation des rochers du bord de mer. La zone de
transition. La brousse littorale.
2 = Panorama : l'environnement géographique et géologique.
3 = La batterie et le Fort Saint-Pierre.
4 = L'île du Petit Rouveau.
5 = Île du Grand Rouveau.
6 = La plage de la Gabrielle et les posidonies.
7 = Les anémomorphoses.
8 = Le château Sainte Cécile.
9 = La sépulture de Paul Ricard. La tour de la marine
10 = L'archipel des Embiez
11 = Végétation du versant sud du col : cistaie évoluée ou maquis bas? Un
taillis de chênes verts.
12 = Pointe du Grand Gaou et les peuplements marins rocheux.
13 = La vigne et le vin.
14 = La lagune du Brusc et le récif-barrière.
15 = La végétation halophile. Les anciennes salines.
16 = La pinède de la Tour Fondue.
17 = Le port des Embiez.
Plus loin sur le trajet, des panneaux d’information thématiques précisent des points d’histoire, d’archéologie, de géographie, de géologie, de botanique, de zoologie, d’écologie…..
Sur votre chemin des balises stations et directionnelles
signalent des arrêts intéressants, vous guident ou vous permettent de
changer d’itinéraire, voire d’écourter votre promenade.
Trois aires de pique-nique sont à votre disposition.
Nous vous convions à la découverte de l'île à partir
d'une petite maisonnette, d'où se donne le départ des régates qui se
déroulent dans la rade du Brusc; elle est située sur le bord de mer, à une
centaine de mètres, au sud-est du fort.